Etape 41 – 46km avant Brookton – 109km avant Perth // 80,10km – 15h22’
Notre route continue de se frayer un chemin au milieu des champs de blé. Ce matin Philippe a non pas pour objectif de courir pendant 14h30, mais pendant 80 kilomètres. Coûte que coûte, et peu importe le temps que ça prendra. C’est donc un coureur motivé, mais dont les jambes n’ont plus aucun jus, qui s’élance sur le bitume. Le moindre pas est lourd et sans aucune force, et dans ces moments-là, l’important est de se dire que malgré tout on progresse.
Un geste dont je ne vous ai jamais parlé durant cette course, et que pourtant nous avons répété un nombre incalculable de fois, c’est le petit signe de la main que l’on adresse aux conducteurs qui arrivent dans le sens inverse. Il est coutume en Australie, et surtout lorsque vous roulez dans des endroits assez reculés ou peu fréquentés, de faire un petit geste pour indiquer au conducteur sur le point de vous croiser que tout va bien. Main entièrement levée, quelques doigts seulement, voir même un seul sans lâcher le volant, toutes les techniques sont autorisées du moment que vous envoyez des bonnes ondes. Un petit rituel auquel tout le monde a très vite pris goût. Car il faut bien l’avouer, passer sa journée à saluer des gens un peu comme si on se trimballait dans la papamobile a quelque chose d’assez grisant… Sauf qu’en se rapprochant des grandes agglomérations, cette habitude à tendance à disparaître. C’est vrai qu’après tout, les gens sont moins inquiets de vous voir tomber en panne à quelques kilomètres seulement de la civilisation. C’est donc de très nombreux vents que nous nous prenons depuis quelques jours. Des gestes amicaux auquel personne ne répond plus. Ah qu’elles sont déjà loin ces journées à rouler dans le bush…
Des gestes amicaux il y en aura quand même aujourd’hui, comme cet homme qui arrête sa voiture au niveau de Philippe, lui tend un papier avec marqué son nom et son numéro de téléphone, et lui demande de l’appeler une fois arrivé à Fremantle, afin qu’il lui paie une bière ! Un peu plus tard, sur l’heure du midi, Philippe se fait arrêter par la police alors qu’il court aux abords de Brookton. En cause, plusieurs personnes qui auraient averti la police qu’un individu court sur le bord de la route depuis plusieurs jours maintenant, allant même parfois jusqu’à dire de lui qu’il « titube » ! Même si Philippe n’est pas en mesure de fournir son passeport, les forces de l’ordre comprennent très vite la situation et laissent notre runner reprendre sa route.
Sur les routes, des bornes disposées tous les cinq kilomètres ont pris l’habitude d’annoncer la distance qu’il reste à accomplir pour rallier la prochaine ville, souvent écrite avec une abréviation. Par exemple hier les chiffres décomptaient notre approche avec « CR », à savoir « Corrigin ». Et bien Perth se rapproche maintenant un peu plus puisque depuis cet après-midi les bornes annoncent « P 135 », « P 130 », « P 125 » et ainsi de suite. Ça sent bon l’arrivée.
Philippe termine comme à son habitude, avec un petit regain d’énergie. Une sorte de second souffle. Il court les derniers kilomètres à 6km/h, et boucle l’étape avec 80,10km au compteur, en 15h22. Ce qui fait une vitesse moyenne de 5,2km/h sur la journée. C’est ce qu’on appelle « terminer une traversée au forceps ». A demain.
Total de la distance parcourue : 3654,8 kilomètres
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