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  • Photo du rédacteurPhilippe Moreau

Trans-Australia 2018 J 36

Etape 36 – 60km après Norseman - 140km après Norseman // 80,40km – 14h38’

Hier nous avons établi notre campement très exactement là où le paysage ne devenait plus qu’une succession d’arbres brulés. Un incendie assez récent semble avoir ravagé cette partie de la forêt. Et ici, lorsque le feu commence à avaler les arbres, cela ne doit pas être difficile pour lui de se propager… Seule la route peut éventuellement bloquer sa progression, et encore si le vent est dans le bon sens cela ne doit pas être suffisant pour arrêter les flammes. Mais cet endroit n’en est assurément pas à son premier incendie, et il s’en remettra pour sûr. Les nombreux arbres à différents stades de vie en sont la preuve vivante : la forêt se recycle d’elle-même, et tous les arbres sans exception suivent un cheminement bien particulier, qui passe de la graine, à la pousse, pour ensuite finir par se briser, tomber, flétrir et disparaître. Un arbre qui tombe sera toujours une opportunité pour les rayons du soleil d’atteindre le sol, permettant aux graines laissées par « l’arbre parent » de pousser. Je ne vous apprends rien, mais il est intéressant de voir à quel point cette forêt qui compte des milliers d’arbres offre un panel complet du cycle de la vie d’un arbre.

Ce matin les 25 premiers kilomètres ne sont donc que de la végétation brûlée. On aperçoit deux kangourous, espèce que l’on commençait à croire en voie de disparition tant elle se faisait rare. Notre piste que nous suivons maintenant depuis hier matin est parsemée de « point d’informations ». Hier nous avons eu le droit au numéro 15, 14 et 13. L’avantage de les faire à l’envers est qu’au moins on sait combien il nous en reste. Aujourd’hui le 12 est consacré à un énorme rocher appelé le « Disappointment Rock ». Comprendre par là le « rocher de la déception ». Peut-être parce qu’une fois en haut, la forêt d’eucalyptus qui s’étend jusqu’à l’horizon peut paraître décourageante à parcourir tant elle semble infinie. En tout cas un « mini-trek » est proposé ici, avec une petite vingtaine de panneaux instructifs disposés tout autour de l’immense rocher. Malgré le très peu de voitures que l’on croise sur cette piste, il semblerait qu’elle ait pas mal de choses à offrir. En tout cas elle a été aménagée en conséquence.

Ce matin Philippe marche les 30 premiers kilomètres et zappe la sieste du 18ème. Bonne ou mauvaise idée, au final sa moyenne est quasi-similaire, voir même meilleure que celle d’hier. C’est donc selon l’humeur. Notre coureur va continuer ses étapes de 80 kilomètres jusqu’à la fin de la piste, ce qui devrait nous faire terminer une étape pile à Hyden. En attendant, nous continuons d’apprécier. En fait nous sommes un peu en thalasso ici. Pas de courses à faire, d’hôtels à checker ou bien d’itinéraire à étudier. Nous nous contentons juste de suivre ce chemin et de s’arrêter pour chaque ravitaillement. Lorsque le kilométrage du jour est atteint, on installe le campement, on mange et au lit. Une vie simple dont je suis sûr qu’on se souviendra avec nostalgie dans quelques semaines.

Notre route croise à nouveau un lac salé, appelé le « Lake Johnson ». Quelques panneaux nous expliquent dans un anglais un peu trop scientifique le pourquoi du comment ces lacs se sont retrouvés là. On va éviter de rentrer dans les détails (que nous n’avons de toute façon pas compris), mais ce lac ainsi que le « Lake Cowan » croisé hier seraient les restes d’une ancienne et immense rivière qui descendait jusqu’à l’océan. Dans des temps très anciens bien sûr. De nos jours il ne reste que ces lacs produisant une eau qui peut contenir jusqu’à 240 grammes de sel par litre ! En comparaison l’eau de mer n’en contient que 35 grammes !

Ravitaillement suivant et nouvelle attraction ! Décidément ça n’arrête pas aujourd’hui. Un autre caillou géant se dresse entre les arbres. Et une fois escaladé, le point de vue est encore plus spectaculaire en haut de ce « McDermid Rock ». Le vent souffle fort au sommet et pourtant cela n’empêche pas bon nombre de lézards de parcourir la surface caillouteuse à fond la caisse.

Nous tombons à nouveau sur le couple germano-portugais dont nous avions fait la connaissance hier. Eux aussi prennent leur temps sur cette piste. Comme on commence à les connaître, ils nous laissent une tablette de chocolat noir pour Philippe. Ils ont visé juste, c’est le pécher mignon de notre coureur. Philippe qui d’ailleurs accuse le coup, notamment à cause d’une succession de devers qui lui cassent bien les jambes. Mais il est convaincu que les trente premiers kilomètres de marche ce matin lui ont permis de mieux gérer sa fin de journée. Il retentera le coup demain.

L’étape se termine par une rencontre, celle d’un drôle de lézard. Appelé le « lézard biscornu » ou « lézard épineux », ce petit animal très exotique de par ses couleurs et ses formes, l’est aussi par sa manière de boire. En effet, ce dernier croque les insectes avec sa bouche, mais s’hydrate avec sa peau ! A l’aide de rainures microscopiques il capte l’eau de la pluie, de la rosée ou même l’humidité contenue dans le sable, puis la transporte jusqu’à sa bouche par capillarité. Philippe a le temps d’apercevoir la bête le temps d’un ravitaillement, puis s’en va boucler l‘étape en 14h36’, avec 80,40 kilomètres au compteur. Reprise des débats demain, même heure même endroit.





Total de la distance parcourue : 3255,8 kilomètres

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