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  • Photo du rédacteurPhilippe Moreau

Trans-Australia 2018 J 35

Etape 35 – 21km avant Norseman – 60km après Norseman // 80,10km – 14h51’

Départ une heure plus tard aujourd’hui. Et oui, quitte à ne faire que 14h30 de course par jour, autant laisser notre coureur dormir une heure supplémentaire le matin. Reprise de la course à 5h du mat’ donc, et nous avons quelques frissons. Un vent très frais balaie les environs. Philippe enfile bonnet et gants, et on lui donne son téléphone, chargé avec une émission récemment diffusée sur « l’ExoRadio », dont les ondes nous viennent tout droit du pays d’Auge. Les messages d’encouragement et d’amitié diffusés durant le show font leur effet, et l’on retrouve notre coureur tout groggy de plaisir au deuxième ravitaillement.

Le soleil se lève mais la fraîcheur reste. Hier les quelques gouttes sur lesquelles nous nous étions quittés sont devenues une averse, mais de courte durée et de moyenne intensité. Ce matin nous sommes donc plutôt confiants concernant cette histoire de piste. Le 4x4 par quand même jeter un coup d’œil en amont entre le deuxième et le troisième ravitaillement : elle est ouverte, et « for all vehicules ». Soulagement.


Nous arrivons à Norseman au 15ème kilomètre. Ah, Norseman ! Depuis le temps que les panneaux décompte le nombre de kilomètres nous séparant de cet endroit… C’est d’ailleurs l’occasion de retrouver une épicerie avec des produits frais ! La première depuis plus de 1000 kilomètres ! Mais aussi de dire adieu à la Eyre Highway, que nous aurons parcouru dans son intégralité : 1675 kilomètres et pas un de plus. Historiquement parlant, si les gens se sont installés à Norseman, c’était dans le but d’y déterrer un minerai. Same old story. Cette fois-ci il s’agissait d’or. L’histoire veut que la première personne à avoir trouvé le filon local ne soit pas un humain… mais un cheval ! Son nom ? Hardy Norseman. Son propriétaire, Laurie Sinclair, était venu rendre visite à son frère ici même, dans le but de chercher le fameux minerai doré à ses côtés. Il avait attaché l’animal pour la nuit, et quelle ne fut pas sa surprise de voir que le lendemain matin, alors que Norseman avait frotter le sol de son sabot toute la nuit, celui-ci avait déterré une pépite d’or ! Le filon était alors officiellement découvert, et de nombreux entrepreneurs et chercheurs d’or vinrent ensuite essayer d’en tirer fortune. Norseman est à ce jour considéré comme ayant été et étant toujours l’une des mines d’or les plus productives du pays. Plus de 100 tonnes y ont été extraites depuis son ouverture.


Si tôt la civilisation retrouvée, si tôt disparue. Quelques centaines de mètres dans Norseman, et voilà qu’elle nous fausse déjà compagnie. On bifurque vers l’ouest direction Hyden. Les quelques habitations disparaissent au loin, tandis que les eucalyptus, eux, reprennent le monopole du paysage. Même s’ils n’étaient jamais vraiment partis. On arrive à la jonction entre le bitume et la piste. Celle-ci semble en parfait état. On s’y engage : c’est parti pour 300 kilomètres gravillonnés.


Les premiers heures de course sont impeccables, et nous font passer au beau milieu du lac Cowan, un lac salé dont la beauté ne laisse personne indifférent. Le paysage rappelle instantanément le Sénégal et la « Batirun » à Jean-Michel et Philippe. D’ailleurs ce n’est pas la première fois que l’Australie nous rappelle un pays d’Afrique… Nous faisons la rencontre d’un local, de retour de promenade avec son chien, un Blue Heeler athlétique et assez pot-de-colle. Son maître nous explique que la piste est de cette même qualité jusqu’à Hyden ! Ce qui s’annonçait hier comme un périple hasardeux, est en train de prendre des allures d’aventure royale !


L’après-midi se poursuit et nous avançons sur cette piste toujours aussi charmante. Aurions-nous trouvé le paradis des suiveurs ? La route est superbe et s’enfonce dans ces forêts d’eucalyptus toujours aussi fascinantes de mimétisme. Il fait chaud, mais pas trop. Nous sommes tous les cinq, et notre tranquillité n’est que très rarement perturbée par un véhicule. Et cerise sur le gâteau, aucune mouche ne vient nous chatouiller le visage. Rajoutez à ça que le camping-car est chargé à bloc d’essence et de nourriture, que son réservoir d’eau est rempli au maximum pour les douches de Philippe, et je crois que nous sommes fins prêts pour affronter et savourer cette dernière portion d’aventure avant l’ultime ligne droite vers Perth.


L’animal du jour est le lézard. Il semble y en avoir de toutes les sortes et de toutes les tailles à travers ces bois. Il suffit juste de s’enfoncer au milieu des arbres pour les entendre déguerpir un peu partout. Un a même maladroitement traversé la route, manquant de peu de finir sous nos roues. En attendant, aucune collision n’est recensée avec notre coureur, qui comme à chaque milieu d’étape accuse le coup. Le 48ème kilomètre est toujours accompagné d’un inéluctable coup de mou.


Philippe reviens quand même bien sur la fin, et termine son étape à 80,10 kilomètres, en 14h51’. Ce soir nous campons très exactement là où notre coureur s’est arrêté. Le grand luxe. Au programme : spaghettis avec une compotée d’oignons au miel. Encore mieux qu’au restaurant. Philippe sera le seul à bénéficier du programme « royal » avec un supplément poulet, ainsi qu’une bonne douche chaude dans le camping-car. De notre côté, nous les suiveurs, partons en quête d’un autre record du monde, celui du plus grand nombre d’heures passées sans se laver entre Norseman et Hyden. A nos chronos.



Total de la distance parcourue : 3175,4 kilomètres

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