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  • Photo du rédacteurPhilippe Moreau

Trans-Australia 2018 J 31

Dernière mise à jour : 18 oct. 2018

Etape 31 – 20km après Caiguna - 75km avant Balladonia // 91,10km – 16h09’

Aujourd’hui les clignotants sont en berne. Pas de virages, pas de « T » ni de bifurcations. L’étape sera droite et sans appel. Au programme encore 144 kilomètres sur cette « straightest australian’s road », que nous ne terminerons que demain. Point météo du jour : vent de face et temps légèrement nuageux. Ce qui ne fait pas les affaires d’un Philippe qui progresse tête baissée et court difficilement à plus de 5,7 kilomètres par heure. Apparemment il fait chaud sur la capitale. Hier sous la pluie nous vous envions, mais ne vous inquiétez pas pour nous, une journée à 38°C est annoncée pour dans quelques jours.


Vu la monotonie de la route d’aujourd’hui, ainsi que du paysage qui l’entoure, je vais en profiter pour vous parler de cet homme : Edward John Eyre, dont nous suivons la route éponyme depuis son kilomètres zéro.


Edward John Eyre est né en Angleterre en 1815. Un temps que les moins de 203 ans ne peuvent pas connaître. Afin d’échapper au service militaire ainsi qu’aux études, il s’exile à Sydney à l’âge de 17 ans. Son but ? Faire fortune le plus vite possible. Pour cela, il va cumuler différents types de rémunérations plus ou moins illicites et surtout va s’associer avec de riches gentlemen dans le but d’exploiter la détresse d’anciens forçats. Le genre de type sans trop de scrupules et qui a l’air de savoir comment arriver à ses fins. Résultat, la veille de son 18ème anniversaire il s’offre un troupeau de 1000 ovins et de 600 bovins, qu’il emmène à Adélaïde, dans l’état du South Australia (qui vient alors tout juste d’être créé) afin de les revendre au prix fort. Il continue à faire cela jusqu’à ses 24 ans, puis, jugeant qu’il a suffisamment d’argent, et décide qu’il est grand temps pour lui de faire partie de cette caste des grands explorateurs, ceux qui partent à la découverte de nouvelles contrées et marquent l’histoire de leur pays. Son idée : ouvrir une voie vers le centre de l’Australie. Vers le grand inconnu. Il monte alors une expédition depuis Adélaïde et se dirige plein nord. Très vite il se retrouve bloqué devant l’immense lac Torrens par les marais d’un côté et les dunes de l’autre. Il suit alors les Flinders Ranges et finit par arriver au mont Hopeless. Comme son nom l’indique, la montagne n’offre que peu de solutions, et notre aventurier décide de faire demi-tour. Premier échec pour notre cher Edward.


De retour sur Adélaïde il entend parler d’une autre expédition. Celle-ci, organisée par un dénommé John Baxter, a pour but d’ouvrir un chemin vers l’ouest à travers le South Australia. Il postule, et compte-tenu de son expérience précédemment acquise, il est engagé et même nommé chef de l’expédition. Il en finance la moitié de sa poche. Agé de 25 ans, Edward John Eyre part donc pour sa deuxième aventure. Sans avoir la moindre idée de ce qui l’attends. L’itinéraire mis en place est celui de progresser le long de la côte sud jusqu’à atteindre l’ouest du pays. Mais très vite, alors qu’ils longent cette péninsule qui plus tard portera son nom, Edward John Eyre se trouve confronter aux premières difficultés : les conditions de routes sont dures et le manque d’eau le contraignent à renvoyer un à un les membres de la troupe. Selon lui, un petit parti aura plus de chance de réussir. Seuls restent son ami Baxter, un autre dénommé Wylie et deux aborigènes.


Mais le passage sur la plaine de Nullarbor ne va pas arranger les choses. Aucun arbre pour se protéger du soleil, et la hauteur des falaises ne leur permettent pas d’atteindre la mer. Et pour couronner le tout, une nuit les deux aborigènes de la bande se rebellent et assassinent John Baxter, emportant avec eux les stocks de provisions et d’armes à feu. Edward se retrouve alors seul avec Wylie. Ils passent régulièrement plusieurs jours sans trouver de point d’eau, mais survivent grâce à certains accès au rivage, où ils rencontrent d’autres aborigènes, qui leur expliquent comment casser les racines de gommiers et les sucer afin d’étancher leur soif, ou encore comment trouver de l’eau en creusant derrière les dunes. Les chevaux de l’expédition ayant du mal à se déplacer dans ce sable, ils sont abandonnés, ou même des fois mangés, même si le régime de Edward et Wylie se veut plutôt à base de kangourous chassés, ou de pingouins retrouvés sur les plages. Nos deux compères finissent par s’en sortir -non sans mal- et arrivent à Albany après un voyage de quatre mois et demi.


Voilà donc l’histoire de l’homme qui a ouvert la voie vers l’ouest australien. Pas étonnant que depuis, une multitude d’endroits portent son nom : le lac Eyre, la péninsule Eyre, l’Eyre Creek, l’Eyre highway sur laquelle nous sommes actuellement, et même des villages en Nouvelle-Zélande (Eyreton et West Eyreton). Sa fin de vie sera par contre moins en réussite : la couronne Britannique le nomme gouverneur de la Jamaïque mais il est renvoyé définitivement deux ans plus tard pour excès de cruauté, et accusations de meurtres et assassinats prémédités. Et oui, le Edward n’était pas un tendre.


Pour en revenir à notre 31ème étape, je vous fais un petit résumé de la deuxième moitié de journée : un couple s’est arrêté pour participer à la cagnotte pour Thaïs, après avoir vu sa photo sur le camping-car. Ici les gens sont très réceptifs à ce genre de causes et ce ne sont pas les premières personnes à spontanément arrêter leur véhicule pour donner quelques billets. Le vent n’aura eu de cesse de souffler de face pour Philippe. Notre coureur qui, comme à chaque journée maintenant, est finalement bien revenir sur la fin. Et… c’est à peu près tout. Vous savez, c’est ce genre de journée très calme qui arrive de temps en temps sur une traversée de continent.


Philippe termine à 91,10 kilomètres, ce qui est clairement une bonne distance compte-tenu de ce début d’étape difficile. Ce soir, c’est campement ! Et nous avons même prévu d’allumer un feu. Alors si vous voyez au JT que quatre français ont été arrêtés pour avoir mis le feu au bush australien, et qu’un cinquième est en cavale, pas d’inquiétude c’est nous !



Totale de la distance parcourue : 2854 kilomètres

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