Etape 27 : 24km avant Mundrabilla – 51km avant Madura // 88,10km – 15h59’
Reprise difficile pour Philippe, qui a très mal vécu sa chute d’hier. Physiquement, mais surtout mentalement. Ce matin il part avec cette grosse appréhension de retomber. Il ne souhaite pas courir avant le 50ème kilomètre. Il parcourt les premières dizaines de kilomètres à une allure de 5,7 kilomètres par heure, ce qui lui devrait normalement lui laisser le temps d’atteindre la barre des 90 kilomètres en moins de 16h. Mais notre coureur avance tête baissée, et ce n’est jamais très bon signe…
Comme bien souvent maintenant, on recroise le motel de la veille en fin de matinée : Mundrabilla, et ses 23 habitants au dernier recensement, ne ressemble même pas à ce qu’on pourrait appeler un village. Il n’y a vraiment qu’un motel et une station essence, plantés au milieu de rien. D’ailleurs j’imagine qu’il n’y a surement plus autant d’habitants de nos jours, car je ne vois vraiment pas où ils peuvent loger. Cet endroit est cependant assez connu en Australie car c’est ici, en 1966, que deux géologues ont découvert la plus grande météorite jamais tombée sur le sol australien. Sa chute daterait d’il y a plus d’un million d’années, et son poids de 12,2 tonnes en fait même une des plus grosses jamais tombée sur Terre, même si elle est loin d’égaler Hoba avec ses 60 tonnes, découverte en Namibie.
La température monte franchement sur l’heure du midi. De toute façon, peu importe les conditions météos, sachez qu’ici le soleil tape fort. Même à travers les nuages il peut quand même vous farcir le visage en douce. Mais les conditions de course ne sont pas trop mauvaises, car un vent fort et frais pousse notre coureur dans le dos, et rafraîchit l’air par la même occasion. A Philippe d’en profiter car de chaudes journées sont annoncées pour les jours qui viennent…
Quelques cadavres de kangourous recommencent à border les routes, ce qui fait toujours autant le bonheur des corbeaux, mais d’une manière générale ils y a nettement moins de marsupiaux que dans la première moitié du pays. D’ailleurs cela fait depuis les environs de Ceduna que personne n’en a vu un de vivant, soit pratiquement une semaine ! On soupçonne les autorités australiennes d’empoisonner les environs afin d’éloigner les kangourous de la seule route qui permet de traverser le pays, et ainsi éviter au maximum les accidents. Il y a suffisamment de place plus au nord pour qu’ils puissent vivre tranquillement…
60ème kilomètre et Philippe évoque l’idée de faire une nouvelle demi-journée de break. Il est trop fatigué et ses pieds crochent le sol même lorsqu’il marche. On lui conseille quand même d’avancer au maximum aujourd’hui, quitte à se reposer autant éviter les grosses chaleurs qui commenceront dès demain. Philippe nous demande aussi de jeter un coup d’œil à l’itinéraire jusqu’à Norseman, et de voir si un décalage des étapes jouerait en notre faveur, avec à la clé moins de kilomètres pour rallier les différents roadhouses. Et c’est le cas. D’une manière générale on gagne en flexibilité, et cerise sur le gâteau notre coureur peut même s’offrir le luxe de faire une étape « porte à porte », comme celle de très exactement 90,6 km qui relie le motel de Madura à celui de Cocklebiddy.
Philippe termine sa journée sous la menace des orages. Plusieurs dépressions se forment tout autour de lui et resserrent leur étau au fur et à mesure que les kilomètres défilent. Au loin devant, de nombreux éclairs déchirent même le ciel. Pas de soucis, le 4x4 ravitailleur n’est jamais loin et récupère notre coureur juste avant les premières gouttes. 88,10km au compteur, ce qui est plus qu’honorable quand on voit la fatigue qu’accusait Philippe ce midi. Sur la route du retour, de nombreux kangourous sortent de nulle part, et viennent s’abreuver dans les flaques formées sur le bitume. C’est bon, nous avons retrouvé nos marsupiaux. Rendez-vous demain pour une étape plus courte donc, mais bien plus réparatrice.
Total de la distance parcourue : 2532,9 kilomètres
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