Etape 20 – Cungena - Ceduna // 96,40km – 16h00’
Ce matin Philippe part à nouveau du campement. Ce qui nous laisse le temps de remballer nos affaires sans se presser, et d’aller le retrouver au premier ravitaillement vers 4h15. Déjà plusieurs camions viennent déchirer la nuit de leurs immenses phares. Ce matin de nombreux nuages gris bloquent le ciel, par conséquent nous n’avons pas de lever de soleil à offrir à nos pupilles. Cela doit bien faire deux jours que nous n’avons pas vu un kangourou vivant, et si les eucalyptus ne venaient pas border notre route, j’irais encore m’imaginer que nous sommes revenus dans notre chère Normandie… D’ailleurs pour commencer la journée en chiffres, sachez que les forêts d’Australie sont composées à 95% d’eucalyptus, ce qui en fait vraiment l’arbre référence ici !
Au 20ème kilomètre, nous bifurquons sur une piste non prévue au programme. A la clé : 3 kilomètres de gain. Il n’y a pas de petites économies ! Surtout que cette route est suffisamment damée pour que le camping-car puisse venir lui aussi. On propose quand même à Philippe de mettre des gants, car des chutes ne sont pas à exclure sur cette route un peu caillouteuse. Mais le risque en vaut la chandelle car ici tout le monde, que ce soit le coureur ou l’équipe, bénéficie d’une tranquillité +++. On avance au contact de la nature, et notamment de bon nombre d’oiseaux, dont ces perruches d’un vert à la fois brillant et presque fluorescent, et qui s’avèrent être impossibles à prendre en photo. D’une manière générale les oiseaux ne se laissent pas facilement tirer le portrait ici.
Philippe, lui par contre, commence à avoir l’habitude de nos objectifs. Appareils photos, caméra, drone et tout le tintouin. Ce matin encore nous profitons de cette route pour faire de belles images. En plus, notre coureur avance bien et ne souffre pas comme c’était le cas les jours précédents. Il est focus, concentré et ne pense qu’à une seule chose : arriver le plus rapidement possible à Perth. Maintenant que la mi-course est passée (20 jours depuis le début de l’aventure, et théoriquement 17 restants), la ligne d’arrivée se matérialise et malgré les récentes mésaventures « philou » est toujours en lice pour battre le record du monde.
En abandonnant le bitume et ce long pipeline que nous suivions depuis Port Augusta, nous avons retrouvé une vieille amie : la voie ferrée ! Comme au bon vieux temps. Mais il semblerait que cet axe soit bien moins fréquenté, à en juger par l’usure des rails. Etant donné la présence d’immenses silos à grains à l’entrée de chaque ville du coin, on imagine que seuls des trains de marchandise, et notamment de blé doivent l’emprunter. Et vu l’avancée des cultures, on ne risque sûrement pas de voir passer un wagon sur cette voie avant la fin de la traversée.
Aujourd’hui les mouches sont sans pitié avec nous. Avec au moins 200 spécimens sur le dos, Philippe détient la palme de « l’autobus à mouches ». Mais les suiveurs ne sont pas en reste : dans la voiture, sur les bras, les mains, le visage, enfin partout quoi, elles ne vous laissent jamais aucun répit. Jamais. Je ne sais pas ce que je déteste le plus : quand elles essaient de rentrer dans mes oreilles, ou dans mes narines… Les yeux ça passe encore, car ils ont cette faculté de se défendre tout seuls en clignant de façon instinctive, mais pour le reste je n’ai pas encore les oreilles qui peuvent balayer l’air, ni de naseaux rétractables, et c’est bien là le problème…
Alors on en vient à se poser quelques questions : vu la ténacité avec laquelle elles suivent nos véhicules, à quelle vitesse volent les mouches ? Et vu les centaines qui nous assaillent chaque jour, combien sont-elles sur Terre ? Et bien figurez-vous que nous ne sommes pas les premiers à nous questionner sur le sujet, et que nous avons des réponses à vous apporter ! Une mouche vole en moyenne entre 6,5km/h et 11km/h, ce qui peut paraître peu, mais rapporté à son gabarit cela équivaut à 200 fois sa taille par seconde. C’est comme si un humain courait à 1250 km/h… à bon entendeur… Deuxième question, plus difficile à quantifier cette fois, est le nombre de mouches sur Terre. Selon une estimation elles seraient 17 000 000 000 000 000 ! C’est-à-dire 17 billiards ! De quoi donner le tournis. Et nous assurez que nous n’avons pas fini de nous battre avec elles… Et pour terminer, et faire écho avec l’article d’hier, sachez qu’il n’y a « que » 100 billions (donc moins que les mouches) de fourmis sur Terre. Et qu’au total, le globe terrestre est peuplé de quelques 48 trillions (milliards de milliards) d’insectes. Vertigineux non ? Donc pas la peine de sortir les insecticides, c’est peine perdue. A demain et « faites de beaux rêves ».
Total de kilomètres parcourus : 1 892,7 kilomètres
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